Il est bien jeune Amar Rouaï (20 ans) quand il quitte son Algérie natale pour la métropole avec en tête le rêve de devenir, un jour, joueur professionnel de première division. Il exerce ses talents à Annemasse près de la frontière suisse puis signe avec Besançon alors en Division 2. Il ne tarde pas à taper dans les yeux des dirigeants angevins qui le font venir au SCO d'Angers en 1957-58. Le rêve s'est bel et bien réalisé pour Amar et il a tout pour être heureux, semble-t-il.
Le 13 avril 1958, après le match contre Monaco, il quitte tout (enfin presque) pour partir avec Mustapha Zitouni, son adversaire du jour, en direction de Tunis (via l'Italie) rejoindre le siège du FLN pour faire partie de la fameuse équipe de l'indépendance (les « diamants bruns » comme ils seront appelés par la suite).
La raison d'être de cette toute première équipe d'Algérie est de faire prendre conscience au monde entier (mais surtout au peuple français) de la réalité de la guerre d'indépendance que l'Algérie livre à la France. Amar fait partie des 10 premiers joueurs professionnels à faire partie de l'équipe (elle se renforcera plus tard avec en particulier deux autres scoïstes : Ali Benfadah et Dahmane Defnoun).
S'ensuit une série de tournées dans des pays sympathisants à la cause algérienne, en particulier, en Europe de l'Est, au Proche-Orient et en Extrême-Orient. En 1962, quand l'Algérie devient indépendante, l'équipe du FLN se vaporise et chaque joueur suit sa propre destinée sans jamais perdre de vue les copains. Pour Amar, c'est le retour à Angers pour la saison 1962-63 mais le joueur qui avait tant enthousiasmé le stade Jean-Bouin n'a plus la même envie de jouer (surtout qu'il souffre encore des séquelles de la dysenterie contractée lors de la tournée au Vietnam). Il rachète donc son contrat (pour une fort coquette somme) et rejoint Siddi Bel-Abbès en tant qu'entraîneur-joueur dans un premier temps puis entraîneur. Amar aura une carrière d'entraîneur bien remplie pusqu'il dirigera aussi le Mouloudia d'Oran, la JSK (Jeunesse Sportive de Kabylie) ainsi qu'un club lybien, l'Africa Derna.
Quand Rachid Mekloufi, son copain de Sétif et ancien meneur de jeu stéphanois, prend en main l'équipe militaire d'Algérie (une sorte d'équipe espoirs), il demande à quelques uns de ses compagnons de Tunis de l'aider dans sa tâche. Amar Rouaï devient donc adjoint de Mekloufi et superviseur de talents, un poste qu'il gardera jusqu'à ce que Mekloufi démissionne.
Finalement, Amar n'aura pas beaucoup joué pour le SCO (42 matchs de championnat et 3 de Coupe) - il faut dire qu'il a passé 4 ans à jouer les ambassadeurs globe-trotters - mais sa participation dans cette équipe historique le place au rang de légende, tout comme ses copains de Tunis : Arribi, Boubekeur, Zitouni, Bekhloufi, Kermali, Mekloufi, Brahimi, Ben Tifour et Bouchouk.
Merci à Michel Nait-Challal et son livre, les dribbleurs de l'indépendance, pour m'avoir largement inspiré dans l'écriture de cet article.
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